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Ecomusee Colombey et sud toulois
17 juin 2015

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Exposition à la chapelle d'Housselmont : un peu d'histoire

Exposition à la chapelle d'Housselmont : un peu d'histoire

Publié le 03/06/2012 à 10:08 par ecomusecolombey Tags : vie histoire fille société mort cadre enfant
Exposition à la chapelle d'Housselmont : un peu d'histoire

Histoire et légende : un sanctuaire champêtre

 

La chapelle Notre Dame des Gouttes garde une forte inspiration légendaire ; elle aurait été construite au XVIème siècle, sur injonction de l’évêque de Toul, par un seigneur, Jacques de Lignéville, pour expier le meurtre de sa fille qui voulait se soustraire à son projet de mariage forcé.

 

La chapelle fut édifiée dans un coteau situé à 800 mètres du village franc-alleu d’Housselmont dépendant de l’évêché de Toul, village qui fut rattaché à la commune d’Allamps en 1971.

 

La chapelle est constituée de deux parties remontant à des époques distinctes :

- le chevet de forme polygonale percé de 3 baies ogivales à réseaux flamboyants date de la première moitié du XVIème siècle

- la nef, de forme rectangulaire et percée de 4 fenêtres à plein cintre, date de la réfection –ou de l’agrandissement ?- de l’ouvrage en 1670 (date gravée sur le linteau de la porte d’entrée de la chapelle).

 

La toiture est constituée de tuiles plates écaillées. L’autel en bois (érigé au début du XVIIème siècle) ainsi que les vitraux ornant les baies ogivales ont été saccagés par des vandales durant l’été 1986.

 

La chapelle abritait également deux statues en pierre :

- une vierge à l’enfant (début XVIIème siècle) objet de culte et déposée sur le maître autel

- une statue de Sainte Catherine d’Alexandrie datant de la même époque.

Ces deux statues ont été inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 10 décembre 1996 et sont exposées dans l’église d’Allamps.

 

La chapelle Notre Dame des Gouttes fut d’abord un sanctuaire puis servit d’église paroissiale ; un chapiteau célébrait messes et offices à l’occasion des fêtes religieuses et des grands moments de la vie.

Une petite habitation, aujourd’hui disparue, abritait un ermite, gardien de la chapelle (deux de ces ermites ont été enterrés dans la chapelle). Un pèlerinage avait lieu annuellement, le 25 mars jour de la fête de l’Annonciation, et ce jusqu’en 1965 (en 1928 ils furent ainsi plus de 500 à venir prier à la chapelle en pèlerinage conduit par l’harmonie municipale).

La chapelle fut vendue comme bien national à une famille du village d’Housselmont en 1793 ; elle a été rachetée par la commune d’Allamps en 2004 pour y entreprendre les travaux de restauration, l’édifice menaçant ruine.

 

Bibliographie :

- Rapport sur les monuments historiques des arrondissements de Toul et de Nancy (1837)

- Semaine religieuse de Nancy 1928 (page 207) 1927 (page 829 : essai historique du diocèse de Toul par le chanoine Martin)

- Journal de la société archéologique de Lorraine 1875 (page 218)

- Notice sur la chapelle Notre Dame des Gouttes à Housselmont par Etienne Olry (Nancy, 1942)

- Histoire méconnue de nos villages par Bernard Perrin (pages 129 à 135).

 

 

La légende

 

« La tradition attribue la fondation de cette chapelle à un seigneur de Vannes et raconte, à ce sujet, une tragique histoire qui semble tenir de la légende. La voici :

Ce seigneur avait une fille dont il avait promis la main à un seigneur du pays ; mais, pour des raisons qu’on ne rapporte pas, elle refusait de donner son consentement au mariage projeté par son père. Celui-ci habitué à voir tout plier devant son inflexible volonté, s’inquiétait peu du refus qu’il se promettait de vaincre et, voulant arriver à son but, le jour du mariage avait été fixé. Mais, la veille, la jeune fille s’enfuit du château de Vannes et vint, dit-on, se rendre au lieu où est bâtie la chapelle. Cependant des émissaires l’ont poursuivie et bientôt atteinte, le père lui-même arrive et réclame, avec menaces, l’adhésion de sa fille au mariage qu’il a préparé. La pauvre enfant prie son père, elle l’implore ; mais ni ses larmes, ni ses supplications ne peuvent le faire fléchir. Cependant, la courageuse fille résiste énergiquement ; elle puise ses forces dans son désespoir même et dit qu’elle aime mieux mourir que de consentir à une union qu’elle abhorre. On rapporte qu’alors ce père barbare et dénaturé ordonna, sur-le-champ et en sa présence, de mettre à mort son enfant en lui faisant ouvrir les quatre veines.

Ainsi aurait péri cette jeune fille, victime d’un acte de despotisme paternel, le plus froidement cruel et le plus inouï.

En punition de ce crime, le père dénaturé aurait été condamné, par l’autorité ecclésiastique, à ériger une chapelle expiatoire à l’endroit où cette innocente rendit le dernier soupir, au lieu où elle répandit les dernières gouttes de son sang.

Enfin, pour perpétuer le souvenir de ce fait, le sanctuaire aurait été érigé sous le vocable de Notre Dame des Gouttes ».

 

Il est intéressant d’observer que cette légende a reçu la caution des autorités ecclésiastiques en la personne de Monseigneur Martin, Doyen du Chapitre de la Cathédrale de Nancy, qui préfaça, en termes très élogieux, la notice d’Etienne Olry lors de sa réédition en 1942.

 

Pourquoi ne l’aurait-il pas fait ? Après tout, il y a derrière chaque légende une part de réalité et un fonds de vérité.

 

Aussi le souvenir de la jeune fille à la triste destinée imprègne-t-il à jamais ce lieu de mémoire, cependant qu’une douce mélancolie baigne le cadre de verdure qui sert d’écrin à la Chapelle.

 

 

 

Le site de la Chapelle Notre Dame des Gouttes

 

 

La Chapelle est située à mi-pente de la « Côte de Bonnet », butte-témoin calcaire dominant la vallée de l’Aroffe. Elle est entourée de vergers de mirabelliers et de pelouses calcaires sèches très riches en orchidées.

 

Véritable petit conservatoire botanique, le site fait partie du réseau d’habitats Natura 2000 d’intérêt européen.

 

La localisation de la chapelle reste un mystère sauf à prêter véracité à la légende.

 

Une source bâtie datant de la même époque que la chapelle et située en contrebas de celle-ci pourrait expliquer l’emplacement de la chapelle. Cette source était en effet prétendue guérir de la « défaite » (c’est-à-dire la conjonctivite) ainsi que des orgelets mais aussi de la goutte et des rhumatismes. Ainsi voyait on jadis (et ce jusqu’au milieu du XXème siècle) de nombreuses béquilles ou cannes accrochées aux murs de la chapelle par d’anciens goutteux en témoignage de leur guérison.

 

En marge de la tradition chrétienne et des vertus médicinales supposées de la source, a longtemps perduré un culte païen qui, paradoxalement, pourrait expliquer la présente d’une statue de Sainte Catherine dans la chapelle. Sainte Catherine, en effet, peut être considérée comme la protectrice des célibataires.

 

Or, pour ces derniers, la source était une sorte de baromètre sentimental, indiquant les tendances matrimoniales de l’année à venir. Plus concrètement, garçons et filles en mal de conjoint se rendaient là, en secret, pour tremper leur mouchoir dans la fontaine aménagée au pied de la source. Si le mouchoir coulait, on pouvait espérer un mariage dans l’année ; s’il flottait à la surface de l’eau, il fallait revenir dans un an… toujours célibataire.

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